“The French” de William Klein (1981)

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“Roland-Garros, 1981. Pour la première et dernière fois, une équipe de tournage est autorisée à filmer les coulisses du tournoi intitulé “The French Open”. Des vestiaires aux salles de massage, salons de réception, studios de télé, tribunes… La caméra de William Klein est sur les talons des plus grands joueurs de l’époque et capte ce que personne n’a jamais saisi : mille et une scènes historiques, des instants rares et intimes dans les coulisses du tournoi. Mais aussi le microcosme qui gravite autour des joueurs : snobs, groupies, combinards, sponsors…” (résumé jaquette) 

 

Quelle meilleure période que le début du tournoi de Roland-Garros pour causer du méconnu The French (surnom de l’évènement pour tout joueur natif hors de l’hexagone) de William Klein ?

Datant de 1981, le film voit le réalisateur (coutumier de l’exercice et déjà auteur de forts nombreux documentaires prenant pour cadre des univers aussi différents que la mode ou les Black Panthers) suivre la quinzaine de manière aussi complète que possible : des préparations à l’après-finale, en passant par les coulisses, les à-côtés promotionnels, les vestiaires des joueurs ou les cabines de presse…

Pour instructif et quasi-exhaustif qu’il soit, l’ensemble souffre cependant d’être une commande officielle de la Fédération Française de Tennis.

Ce qui, on le sent, a freiné Klein dans ses ambitions et fait qu’on ne retrouve que sporadiquement l’habituelle causticité de son ton.

La même qui faisait le prix de son précieux  The Greatest (diptyque montrant Muhammad Ali lors de sa prise de titre contre Sony Liston en 1964. Puis lors de sa reconquête de la couronne mondiale face à George Foreman, dix ans plus tard), où le respect de l’idole ne le privait nullement de quelques salvateurs coups de griffes et d’une vision gentiment satirique du milieu filmé.

Reste un témoignage (un peu longuet) qui nous permet de revoir en action quelques-unes des icônes d’alors (Borg, Lendl, McEnroe, Connors, Vilas).

Et nous renvoie surtout à une époque définitivement révolue (pas si lointaine mais semblant pourtant appartenir à la préhistoire du jeu) où le quotidien du joueur se vivait en shorts ultra-courts, une raquette en bois à la main.
Sans oublier des entraîneurs qui aboyaient leurs conseils en clopant tranquillement dans les tribunes…

Autres temps, autres mœurs…

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“La classe et les vertus” de Frédéric Roux (2014)

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“Le 6 avril 1987 au Caesars Palace de Las Vegas, Marvin Marvelous Hagler, champion du monde des poids moyens, rencontre en douze reprises de trois minutes Ray “Sugar” Leonard, titre en jeu.
Depuis, il existe deux catégories de gens : ceux qui croient que Leonard a gagné et ceux qui savent que Hagler n’a pas perdu.” (résumé éditeur) 

 

Frédéric Roux poursuit donc, après ses biographies-sommes sur Mike Tyson et Muhammad Ali, son tour d’horizon de la société américaine vue à travers le prisme de ses champions de boxe les plus représentatifs.

Il est ainsi symptomatique que ce dernier livre (bien qu’écrit avant) sorte après son Alias Ali : tant il apparait comme la parfaite jonction – aussi bien au niveau des dates que de la thématique – entre celui-ci (qui couvrait la période allant des années 60 à la fin des années 70) et son Tyson (qui parlait principalement des années 80 et 90).

Prenant pour prétexte l’affrontement mythique entre les deux champions d’exception que restent Marvelous Marvin Hagler (meilleur poids moyen d’alors) et Sugar Ray Leonard (toujours considéré comme le meilleur boxeur, toute catégories confondues, de l’époque), La classe et les vertus en profite pour (comme souvent chez l’auteur) causer de son milieu, de l’époque ainsi que, au-delà de ça, de l’existence en général (soit ce qu’on attend d’une littérature qui se respecte).

Roux, comme à son habitude, se sert de son sujet comme prétexte à une formidable radiographie de l’époque visée : cette période entre deux décennies qui vit la disparition d’un ancien monde représenté par la brutasse taciturne Marvelous (qu’on imagine facilement sur de vieilles images en noir et blanc) et l’apparition du bling-bling parfaitement symbolisé par le beau gosse Leonard.

L’avènement d’une nouvelle ère idéalement retranscrit par l’auteur qui – à la manière du Bret Easton Ellis d’American Psycho – établit, jusqu’à la nausée, la liste de dizaines de marques et produits (dont, coup de génie, il imprime les vrais logos tout au long du texte) afin de parfaitement symboliser le basculement d’un sport, un pays, une époque toute entière au sein de ce qu’on a, non sans raison, nommé « les années fric ».

Pour ne pas l’avoir compris et refusé de jouer un jeu et suivre des règles que son adversaire avait, depuis toujours, assimilées, Hagler fut débarqué et laissé sur le côté comme un chien qu’on abandonne (un peu comme Sonny Liston, deux décennies plus tôt).

Sans doute le prix à payer lorsqu’on fait partie de l’Histoire, serait-ce à son corps défendant…

“The Times They Are a-Changin… Le roi est mort, vive le roi… Ite Missa Est.

 

(Editions Fayart)

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“Petit manuel musical du football” de Pierre-Etienne Minonzio (2014)

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“Le football possède une riche tradition musicale qui renvoie à des phénomènes culturels marquants, perceptibles à travers le monde, qui vont des chants de supporters, parfois très créatifs, jusqu’aux chansons qui font l’éloge du football. Sans oublier des spécificités locales, tels ces Argentins qui font rimer futbol et tango ou ces clubs anglais qui apportent un soin méticuleux à choisir la musique qui va accompagner l’entrée de leur équipe sur le terrain. Le champ abordé par ce dictionnaire ludique est donc très vaste et il s’adresse tant au nostalgique de la chanson ” Allez les verts ” qu’au lecture qui s’intéresse à la portée culturelle du football.” (résumé éditeur) 

 

C’était sur Radio Nova, un soir de juin dernier, peu avant la Coupe du Monde. Période propice, ô combien, qui voit fleurir nombre parutions sur le / autour du / parlant vaguement de foot.                                                                                                                           Tout et surtout n’importe quoi qui permet à (à peu près) n’importe qui de sortir la moindre bafouille entretenant un rapport – même lointain – avec le ballon rond.

Et alors que 90 % de ce qui sort semble tout juste bon à balancer à la poubelle, surgit parfois, au milieu de la foule opportuniste, la perle rare, phare au sein de l’obscurité environnante, qui permet d’encore croire à l’humanité.                                                             En l’occurrence : Pierre-Etienne Minonzio (journaliste à L’Equipe et collaborateur régulier des Inrockuptibles et So Foot), venu présenter son Petit manuel musical du football, au thème aussi simple que parfait.

Soit établir le lien qui existe, depuis presque toujours, entre football et musique, à travers une liste (non exhaustive) de morceaux, fameux ou non.
Des titres oscillant entre le sublime et le grotesque, qui, chacun à sa façon, célèbrent le jeu le plus connu du monde et permettent de dresser des passerelles entre les deux disciplines.

En résulte un dictionnaire formidablement vivant et ludique, guidé par la simple envie et le (fort souvent mauvais) goût, qui permet à l’auteur d’exhumer des joyaux aussi improbables que réjouissants…

Un inventaire qui voit se côtoyer dans la plus parfaite anarchie, les horreurs commises par Chris Waddle et Basile Boli, Youri Djorkaeff ou encore Jean-Pierre François. Mais également d’aussi illustres noms que Pete Doherty, Miossec ou New Order…

Une façon comme une autre de relier deux activités pas aussi éloignées que la vox populi voudrait le faire croire.                                                                                                                         Etant donné que (comme l’affirme le groupe The Hitchers dans son morceau « Strachan » : titre qui a donné à Pierre-Etienne Minonzio l’idée de son livre), le football pratiqué à son plus haut niveau n’est, en somme, rien d’autre qu’une forme d’art.

Grâce ne soit rendue à l’auteur d’être parvenu à l’affirmer de la moins prétentieuse des façons…

 

(Le Mot et le Reste éditeur) 

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“Boxing Gym” de Frederick Wiseman (2010)

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“Austin, Texas. Richard Lord, ancien boxeur professionnel, a fondé son club de boxe Lord’s Gym, il y a seize ans. Des personnes d’origines et de classes sociales et d’âge différents s’entrainent dans ce gymnase : hommes, femmes, enfants, docteurs, avocats, juges, hommes et femmes d’affaires, immigrants, boxeurs professionnels ou aspirants professionnels côtoient de simples amateurs et des adolescent en quête de force et d’assurance.
Le gymnase est une illustration du “melting pot” à l’américaine où les gens s’entraînent, se parlent, se rencontrent…” (résumé Allociné) 

 

Documentariste majeur du septième art, Frederick Wiseman réalise depuis presque un demi-siècle sans avoir jamais dévié de son immuable ligne de conduite : investir un lieu (la plupart du temps au sein d’une institution établie, comme un hôpital, un commissariat, un camp militaire ou encore un bureau d’accueil de la sécurité sociale) pour en explorer chaque recoin, de façon à en capter l’essence et la faire rejaillir sur l’écran.

Le tout dans un style sec, à rebours de toute facilité narrative communément admise (ni voix-off ni personnage principal à qui s’identifier) et dont le refus de la moindre sensiblerie accouche d’objets qui ne ressemblent à rien d’autre.

Pour le présent film, Wiseman s’en est allé filmer une salle de boxe de quartier comme il en existe des milliers. Nous invitant à partager le quotidien d’anonymes (pour la plupart pas même professionnels mais simplement amateurs passionnés) dans ce qu’il a de plus trivial, de plus banal, de presque terne.

Une somme de moments creux qu’il ne cherche jamais à artificiellement magnifier mais qui en révèlent pourtant beaucoup sur l’univers montré à l’écran – l’austérité du cinéaste n’excluant nullement, bien au contraire, un vrai travail de mise en scène et de montage.

Le labeur de ces artisans de l’effort se voit en l’occurence rythmé par l’incessant vacarme des coups sur les sacs de frappe et du buzzer du timer.

Un bruit de fond, aussi étrange que monotone, qui en devient presque hypnotique et finit par révéler ce que Wiseman a toujours cherché à montrer : les rituels qui régissent chacun des milieux qu’il filme et les hommes qui (pour diverses raisons qui n’appartiennent qu’à eux) s’y soumettent de manière presque religieuse, y trouvant un sens à leur existence.

Un portrait qui recèle quelque chose de troublant et explique sans doute pourquoi le film (comme tous ceux du metteur en scène), en apparence anodin, s’incruste de façon si persistance dans l’esprit…

 

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“Tyson” de James Toback (2008)

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“A travers des images d’archives et son témoignage, Mike Tyson retrace sa carrière. L’athlète controversé revient sur son enfance difficile et son ascension professionnelle qui fera de lui le plus grand champion poids lourds de l’Histoire de la boxe…” (résumé Allociné)  



Réalisé par le cinéaste indépendant James Toback (par ailleurs vieux pote du boxeur), le film Tyson se présente comme un documentaire à la première personne.
Soit Iron Mike, filmé de face, qui raconte sa vie et son œuvre : de sa jeunesse chaotique à ses déboires financiers, en passant par ses triomphes sportifs et démêlés judiciaires.

Un exercice dont on peut pointer du doigt les limites, nulle voix-off ou témoignage contradictoire ne venant contrebalancer aucun des propos qu’on est alors bien tenu de prendre pour immuable vérité.

Un bémol qui peut, néanmoins, également être considéré comme la force et l’originalité du projet : l’heure et demie passée en sa compagnie donnant (par la force de cet entêtant monologue) l’impression d’entrer dans l’esprit de l’icône, comme jamais auparavant. Et permet de, peu à peu, faire émerger l’intérêt de l’entreprise.

Plus qu’un témoignage sur la vie d’un sportif, ce n’est, en effet, rien moins que la réelle personnalité de l’ancien champion que cherche à révéler James Toback (lui qui s’est toujours passionné pour les faux-semblants et l’ambivalence des êtres).

Celle que Tyson – balançant comme à son habitude entre féroce bestialité et désarmante sensibilité – laisse, au bord des larmes, presque malgré lui entrevoir.                                     Ou resurgit alors de manière aussi soudaine que surprenante, le gamin terrorisé qu’il n’a jamais cessé d’être, broyé par une enfance misérable et qui, pour éviter d’en recevoir, a appris à toujours donner les coups le premier.

Quitte à en devenir injuste – mais qui sommes-nous pour affirmer où se situe vraiment l’injustice ?…

 

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“Mike Tyson” de Frédéric N. Roux (1999)

Mike Tyson

Frédéric-N. Roux montre l’envers du décor américain dans cette biographie incroyablement fouillée : c’est l’épopée tragi-comique des années quatre-vingt où, de gymnases qui sentent la sueur jusqu’à l’arrière des limousines, se bousculent Donald Trump, Muhammad Ali, Jesse Jackson, bien d’autres…
Des avocats véreux, des entraîneurs marrons, des filles d’un soir, des aventurières de toujours… Un monde de démesure où tout s’achète, les muscles comme les âmes : un monde où l’exploit peut engendrer le désir de tuer ou de mourir.” (résumé éditeur)

 

A la base simple commande de son éditeur, cette biographie atypique du phénomène Iron Mike permet à Frédéric Roux de dépasser son sujet afin d’y caser les éternelles obsessions qui parcourent son œuvre.

L’auteur s’appropriant à tel point son sujet que l’impitoyable autopsie de l’icône à laquelle il nous convie s’impose comme un travail aussi personnel que ses récits de fiction.

C’est qu’il connait, en bon fan de boxe, l’importance de la discipline comme symbole de son époque. Tyson, comme tout mythe qui se respecte, ayant incarné la sienne jusqu’à la caricature…

Le racisme, la peur, la mort, le sexe, la violence, le danger : tous les ingrédients d’un parfait récit à scandale inscrits dans un siècle d’Histoire américaine que Roux détaille en usant des longues digressions qu’il affectionne.

Sans pour autant jamais perdre de vue l’essentiel : ce fascinant anti-héros dont la trajectoire brisée recèle un mystère qui affleure peu à peu. Celui d’un individu appelé à briller, sans l’avoir vraiment voulu.                                                                                                Qui semble ne jamais s’être vraiment appartenu et a accompli quelque chose d’immense, presque malgré lui. Quelqu’un à qui on n’a pas laissé le choix, peut-être pour son propre bien…

Un destin hors-norme, étrangement émouvant, qui laisse penser que Roux, en s’en faisant le scribe avec une rare pertinence, a rédigé son Gatsby

 

(Grasset)

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“De la boxe” de Joyce Carol Oates (1987)

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“Méditation profonde, nourrie par la vision des combats et les propos saisissants des athlètes sur leur activité et le sens qu’ils lui donnent, De la Boxe est aussi une évocation historique de la discipline, depuis les gladiateurs romains jusqu’aux boxeurs actuels.” (résumé éditeur)

 

“Quand on lui pose la question habituelle “Comment pouvez-vous regarder ?”, l’aficionado n’a pas vraiment de réponse. Il ne peut parler de boxe qu’avec ses semblables.”

Ressorti l’année dernière dans une nouvelle traduction, le texte de Joyce Carol Oates fait d’emblée aveu de la toute la complexité de parler noble art aux non-initiés.                          Ce que l’auteur s’attelle pourtant à faire à travers son essai : long monologue se présentant comme une suite de pensées en apparence décousues mais liées entre elles par un remarquable esprit d’analyse.

Qui lui permet, en un même élan, de mêler Histoire, anecdotes, ,sociologie et envolées poétiques de manière étonnement fluide…

Car si la brillante (et hautement stylée) pensée de Oates remet la discipline dans le contexte de son époque, ce qui en fait son prix est de la voir, en fait, chercher bien au-delà en s’interrogeant sur la profonde ambiguïté de cette dernière – aussi malsaine que magnifique.

On n’aura, ainsi, jamais mieux écrit sur l’attraction exercée par une activité aussi antinomique de toute forme sociétale en ce qu’elle légalise la barbarie – et parfois le meurtre.                                                                                                                                           Allant jusqu’à rappeler ce que Gustav Hasford (in “Le merdier”) écrivait à propos de la guerre : “La guerre est laide parce que la vérité peut être très laide et que la guerre est très sincère.”.                                                                                                                                         Puisque, comme la guerre, la boxe ne triche pas. Elle qui renvoie à ce que l’être humain possède de plus primal, de plus viscéral, de plus authentique…                                              Qui nous rappelle notre essence la plus intime – celle-là même qu’on tente la plupart du temps de (se) camoufler.

Et explique la fascination morbide qu’on peut ressentir à son égard – comme envers celui des pratiquants, eux qui partagent un secret inconnu de la majorité. Que parfois ils dévoilent, malgré eux, au grand jour “rendant alors visible ce qui, normalement, reste toujours invisible”.

Et dont on ne sait, au juste, s’il faut ou non s’en réjouir…

 

(Editions Tristram)

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“Le Tao de Bruce Lee” de Davis miller (2003)

Tao Bruce Lee

“Ecrit à la première personne, dans la tradition des grands essayistes américains tels que Tom Wolfe, “Le Tao de Bruce Lee” raconte un double parcours. Celui du Petit Dragon, entrecroisé avec celui de l’un de ses plus fervents admirateurs, Davis Miller, qui analyse l’influence prodigieuse que Bruce Lee exerce encore plus de trente ans après sa disparition.” (résumé éditeur)

 

On peut considérer Bruce Lee comme le Jimi Hendrix des arts martiaux.
Comme le guitariste gaucher, il brilla telle une météorite au cours d’une carrière dont la brièveté n’eut d’égale que la splendeur.
Comme lui, il apparaît comme un surdoué qui chamboula une discipline à jamais changée après son passage.
Comme le natif de Seattle, il laisse une poignée d’œuvres officielles pour un paquet déraisonnable de titres posthumes et apocryphes – les suiveurs se réclamant de son héritage (depuis maintenant quarante ans) pouvant aisément repeupler n’importe quel coin déserté de la planète…

Parmi les centaines d’ouvrages plus ou moins (souvent moins que plus) pertinents ayant retracé son parcours, distinguons ce Tao de Bruce Lee, rédigé par le chroniqueur sportif Davis Miller.
Non seulement (de loin) l’ouvrage le plus honnête consacré au Petit Dragon mais également – et tout simplement – l’un des livres les plus passionnants jamais écrits sur le sport et la célébrité, toutes catégories confondues. Amen.

L’auteur, comme dans les meilleures biographies, dépasse en effet le cadre de son sujet pour rapidement embrasser un bien plus vaste panorama.
Relatant l’extraordinaire impact qu’eut Lee sur sa propre existence en même temps que sur celle du  monde entier, il en analyse les soubresauts sur la culture contemporaine, au sein de l’époque, de l’Histoire du cinéma ou celle des sports de combat.

Dans un style épuré, aussi tranchant qu’un coup porté à la gorge, il s’interroge (sans forcément tenter d’y répondre) sur ce qui, en définitive, fait l’essence d’un être.
Lui, n’importe qui, nous tous : égarés entre la peur et la solitude, dans l’attente d’un héros à même de les délivrer…

Témoignage poignant qui parlera d’une manière intime à quiconque a, un jour, espéré l’arrivée d’un sauveur.
Et explique que la fantastique pure énergie de Lee continue d’inlassablement défier la mort. Irradiant les écrans, par-delà les années.
On ne saurait rendre meilleur hommage à quiconque…

 

(Guy Trédaniel Editeur)

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“Murderball” de H.A. Rubin et D.A. Shapiro (2005)

Murderball cover

“Entrons dans l’univers fascinant et méconnu du Murderball, ce “rugby en fauteuil roulant” inventé par les Canadiens il y a près de 30 ans. La compétition est féroce, l’enjeu est de gagner la médaille d’or aux Jeux de 2004, à Athènes.
Dépassement de soi, suspense, trahison, amitiés, prouesses athlétiques époustouflantes, font de Murderball une véritable épopée de “gladiateurs” modernes, assis sur des fauteuils roulants transformés en chars d’assaut.” (résumé Allociné)

 

Remarqué lors de sa présentation au Festival de Sundance, il y a dix ans, le film de Henry Alex Rubin et Dana Adam Shapiro nous convie à la découverte d’une discipline que même les auteurs de South Park n’ont (sauf erreur) pas osé imaginer.

Etonnante activité qui offre des affrontements à côté desquels les courses de char deBen-Hur ressemblent à un tour de tricycle autour du pâté de maison.
Et nous fait faire connaissance avec d’irrésistibles figures cabossées par la vie mais ayant, pour toujours, rayé le terme “auto-apitoiement” de leur vocabulaire.

Principal intérêt d’un documentaire qui, faut-il l’avouer, ne se distingue pas par sa finesse excessive.
L’ensemble, qui flirte parfois avec une esthétique de télé-réalité, conviant son lot de pathos qui nous rappelle qu’on est dans un produit 100% américain – rivalité sportive excessive et outrancier nationalisme inclus.

Rien de cependant irrémédiable tant on se rend compte que le but des auteurs n’est pas d’œuvrer dans le grand cinéma.
Mais plutôt de, modestement, proposer sur le handicap un regard différent, dénué de condescendance ou tout misérabilisme.
Se concentrant sur la compétition (en l’occurrence, les Jeux Paralympiques d’Athènes, en 2004) et la formidable vitalité de protagonistes qui y ont pioché un sens à leur nouvelle existence.

De quoi le garder dans un coin de l’esprit, la prochaine fois que la tentation de la plainte viendra chatouiller le geignard qui sommeille en nous…

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“Le funambule” de James Marsh (2008)

Le funambule

“L’histoire du “crime artistique du siècle” : en 1974, Philippe Petit tend un câble entre les tours du World Trade Center, à New York, alors les immeubles les plus hauts du monde, et passe presque une heure à danser en l’air avant de se faire arrêter par la police.” (résumé Allociné)

 

Directement sorti en dvd chez nous (malgré l’Oscar du meilleur documentaire obtenu lors de la cérémonie 2009), Le Funambule de James Marsh entreprend de retracer l’exploit (terme, pour une fois, tout à fait justifié) qu’accomplit Philippe Petit en déambulant, le 7 août 1974, sur un câble tendu entre les tours jumelles du World Trade Center…

Magnifique geste gratuit, à l’époque fort joliment qualifié de « crime artistique du siècle ».

Alors, Marsh ne cherche pas à faire œuvre de cinéaste et son documentaire, principalement constitué d’interviews des protagonistes de l’affaire et de reconstitution sensationnaliste (qui pourrait faire croire qu’on a malencontreusement zappé sur NRJ 12) ne dépare que peu du tout-venant télévisuel.

Pas grave.

L’essentiel est ailleurs. La force du film tenant toute entière dans cette saisissante histoire qu’il nous donne à voir. Dans cette exaltation que l’auteur parvient à faire ressentir.

Celle d’un artiste qui a accompli son rêve le plus fou, est allé au bout de lui-même et (pas plus que ses comparses, à voir leur émotion encore palpable, plus de trente ans après les faits), n’en est vraiment revenu.

Performance totale, sans autre but que la recherche de la beauté pure. Qui lui permit de toucher le ciel, au sens propre du terme… Une quête d’absolu qui aurait, en fait, presque pu se passer de tout commentaire.

Ce qui eut été fort dommage puisque nous aurions alors été privés de la sublime musique de Michael Nyman, dont l’entêtante tonalité (entre douce euphorie et poignante mélancolie) accompagne avec perfection la magie de l’instant.

On laisse le mot de la fin au principal intéressé, dont on sait gré d’avoir saupoudré d’un brin de poésie notre monde de brutes : « Pour moi, c’est une évidence : il n’y a pas besoin de permission quand on a envie de faire des choses belles. Il faut les faire, c’est tout. »

Et puis, voilà.

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